Paul, le marin d’eau douce

Posted by Paul 26/08/2019 0 Comment(s) Histoire de pêche,

Paul, le marin d’eau douce

 

La mi-août est bien arrivée et pour la plupart les vacances sont terminées. Le temps est venu de vous faire partager quelques unes des sessions que j’ai eu l’occasion d’effectuer cet été, durant mon séjour annuel en Bretagne. C’est bien sûr de pêche en mer dont il va s’agir, or le carnassier roi pour le pêcheur aux leurres en Bretagne est évidemment le bar. C’est donc par lui que je vais entamer cette mini succession de compte-rendus « hors-série » axés sur la pêche en milieu marin.

 

 

 

Il faut savoir que j’ai la chance de posséder un kayak spécialement conçu pour la pêche, une aide précieuse et non négligeable lorsqu’on ne dispose pas d’embarcation motorisée (tout comme un float-tube peut l’être au léman par exemple). Il me permet souvent de tirer mon épingle du jeu par rapport à la pêche depuis le bord, souvent capricieuse malgré les eaux poissonneuses du Finistère nord.

 

Mon fidèle compagnon depuis bientôt 10 ans maintenant

 

La stratégie du jour consistera à profiter des trois dernières heures de la marée montante, puis, dans la foulée, des trois premières heures de la marée descendante. Je choisis un spot que je connais bien pour débuter ma session à marée montante, un couloir aux fonds couverts d’algues et parsemés de rochers (où se dissimulent crabes, crevettes et alevins), d’une centaine de mètres de large et de 3 à 10 mètres de profondeur selon l’heure de la marée, qui s’immisce entre deux têtes de roches émergentes. Ce couloir est la garantie qu’un courant puissant s’y engouffrera lors de cette marée de coefficient 84, les zones de courant étant des terrains de chasse privilégiés pour les bars, qui profitent des mouvements d’eau pour capturer à moindre effort le menu fretin désorienté et emporté par les flots (tout comme le font les truites dans nos rivières).

 

On distingue ici le fameux couloir entre les deux têtes de roche, au soleil levant

 

Je pratiquerai ce jour-là une de mes techniques préférées pour traquer le bar dans les faibles profondeurs, j’ai nommé la pêche à la volée en finesse. Ce nom barbare cache une méthode qui consiste à animer des leurres légers et discrets, de type slug entre autres, en dent-de-scie, avec des pauses entrecoupées de twitchs bien secs, qui imitent à la perfection des lançons, petits poissons anguilliformes très abondants sur mes spots, dont se gavent les bars et autres carnassiers marins. J’utilise donc personnellement la pêche à la volée dans des profondeurs comprises entre cinq et dix mètres environ, avec des slugs de 10 à 15 cm, armés de têtes plombées effilées, de type dart (qui permettent d’obtenir une nage complètement erratique, comme un poisson blessé) et d’un poids de 7 à 15 grammes selon la profondeur et le courant, de façon à pêcher à peu près au milieu de la couche d’eau.

 

Voici à quoi ressemble un lançon, de belle taille celui-ci

 

Le décor est désormais planté, c’est donc par une fraîche matinée bretonne (moins de 10° à 7h en mi-juillet, brrr) que je débuté cette session consacrée à notre ami labrax. Après avoir passé 10 bonnes minutes à pagayer depuis la plage pour rejoindre mon spot, je me positionne en amont par rapport au courant du couloir susmentionné, de façon à dériver en plein milieu entre les deux têtes de roche. Je pose la pagaie, saisis ma canne et enfin je fais mon premier lancé en mer de 2019, je propulse mon leurre à une trentaine de mètres, laisse couler 5 secondes environ (pas trop, pour éviter de s’accrocher au fond), puis j’entame la récupération, je twitch, pause de 2 secondes, puis double twitch, pause de 1 seconde, prise de contact et … POISSON !! Ca n’aura pas traîné. Je mets au sec un petit bar de 34 cm aussitôt décroché et remis à l’eau. Les poissons sont là, c’est de bon augure pour la suite. J’enchaînerai 3 bars sur cette dérive et de nombreux autres sur les suivantes.

 

Premier bar de la saison, 34 cm pour celui-ci

 

 

Mais c’est la dernière heure de la marée montante qui m’apportera mon premier lunker de 2019. Après une touche bizarre, très lourde, que j’ai d’abord prise pour un accroc dans une algue du fond, débute un combat non moins étrange au début, puisque le poisson fonce vers moi (hasard ou intelligence ?). Je mouline donc à toute vitesse pour maintenir une tension dans la ligne et ce n’est que lorsque la bête aperçoit le kayak qu’elle fait demi-tour et fonce dans la direction opposée. C’est gros, le frein chante et le coquin me prend d’emblée 10 à 15 mètres de fil, tout en mettant à rude épreuve mon ensemble light (canne en 5-15g, moulinet taille 2000). Il me gratifiera de quelques rushs bien lourds, puis abdiquera après 5 bonnes minutes de combat acharné. Il est en surface, je me retourne pour saisir mon épuisette, le poisson dans un dernier effort plonge à 1.50 m environ puis remonte brusquement, créant un mou dans la bannière.
Je n’ai pas le temps de réagir, il met un coup de tête et bien sûr se décroche… tant pis, pas de photo, je l’estimais à environ 80 cm... certainement mon record... on va encore dire que j’exagère la taille de mes poissons ;)

 

Encore un bar d'une quarantaine de cm

 

La marée montante est maintenant terminée, le courant s’arrête, signe de fin d’activité pour les poissons durant une demi-heure environ, le temps que le flux s’inverse. La plupart des quelques bateaux présents sur la zone prennent le chemin du retour, ou du large pour les plus persévérants. Après une petite pause casse-croûte, je me déplace à quelques centaines de mètres sur un haut-fond rocheux, qui sera balayé par un fort courant durant la marée descendante. J’enchaînerai là-aussi les dérives et les poissons avec notamment deux bars de 50 cm et un de 62 cm, mais pas de record à l’horizon.

 

Joli bar de 62 cm, mis au sec après un gros combat

 

 

Il est maintenant 14h, après 7h passées sur l’eau, la fatigue se fait sentir et il est temps de rentrer, mais cette première session en mer de l’été aura été un franc succès, me permettant d’oublier mon morne début de saison sur le léman, puisque ce sont pas moins de 31 bars que je hisserai à bord, la plupart entre 25 et 45 cm environ, hormis quelques gros, et tous repartis grandir pour les années suivantes.
Si vous avez l’occasion de pêcher en mer, n’hésitez pas une seconde, le dépaysement est garanti et rien ne vaut la défense des poissons de mer.

 

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